Ca m’amuse de voir à quel point on peut se soucier du regard d’ « amis » qu’on n’a pas vus depuis des années, ou qu’on ne connait pas du tout. Attendez, quand je parle d’amis, je me base sur la définition que pourrait donner facebook. Ce réseau social sera l’objet de mon article, et je m’aiderai pour cela de X, que j’appellerai aussi « l’amie », puisqu’elle l’est effectivement et que je tiens beaucoup à elle, qui pourra me servir d’exemple. Y apparaitra peut-être aussi.
Prenons donc X, l’amie qui me supplie toujours d’aller cliquer sur « j’aime » quand elle poste un nouveau commentaire ou une nouvelle photo, et qui le fait parfois elle-même de mon compte, alors que m’étant éclipsée aux toilettes, j’ai malencontreusement oublié de me déconnecter pour éviter quelques petits désagréments. Quelqu’un se souciera-t-il un jour du nombre de « j’aime » qui apparaitra sous ses commentaires ? S’en souviendra-t-elle elle-même ? La réponse me parait évidente. Alors, dans un premier temps, quand elle me demande un simple clic, je refuse poliment : je me dis que puisque c’est inutile, autant ne pas le faire, histoire de garder un peu de dignité. Mais devant les petits yeux suppliants de X, je ne peux m’opposer plus longtemps à cette demande, et je clique sur le « j’aime » Ô combien attendu par l’amie.
Cette constatation m’amène à observer un autre élément de Facebook – Facebook, ce réseau social vénéré –. Une petite rectification s’impose : ce sont une partie des gens qui fréquentent facebook, et non facebook en lui-même, que j’observe.
N’oublions donc pas l’amie X qui nous accompagnera tout au long de cette observation, et qui malgré sa gentillesse et son amitié touchante, se voit choisie pour illustrer mes propos.
Prenons par exemple un des nombreux avantages que nous offre facebook : celui d’être renseignée jour par jour de l’anniversaire de ses amis. Plus besoin de retenir la date de naissance de plusieurs centaines de personnes qui ne comptent pas pour nous : facebook le fait pour nous. Plus besoin de se prendre la tête à tout écrire dans un calendrier, plusbesoin non plus d’avoir la flemme d’envoyer un sms à une personne à qui tu parles jamais : quelques clics, un simple « bon anniv ! » et le problème est réglé, on oublie, on passe à autre chose. Et on peut recommencer avec quelqu’un d’autre le lendemain.
Chaque 31 août, par exemple, je m’amuse à décortiquer les messages de mon mur, à observer tous ceux qui ont été postés pendant la journée, à me désespérer de la naïveté de certaine personne – sans rancune mes amis. Et, toi, la petite kikoo qui poste ce charmant « Bon anniv ! », t’es qui déjà ? Une camarade de classe de primaire ? Ou peut-être quelqu’un que j’avais rencontré en colo ? Je ne sais même plus, ça fait des années que je ne t’ai pas parlé, et je me demande même qu’est-ce que tu fais encore dans ma liste d’amis.
Certains messages sont sincères et touchants, et je remarque immédiatement ceux qui sont personnalisés. Concernant les autres, je pourrais tout aussi bien les foutre à la corbeille.
Pourtant, tout le monde ne réagit pas comme moi. Reprenons X, que j’apprécie beaucoup mais qui m’amuse parfois (sans méchanceté ni hypocrisie, elle sait d’ailleurs ce que j’en pense mais on s’en amuse), qui chaque année me supplie de ne pas oublier de lui mettre un petit message sur son mur facebook pour lui souhaiter son anniversaire - alors même que je lui aurais souhaité quelques heures plus tôt en l’appelant.
Et puis il y a cette autre amie, Y, qui à chaque fois que facebook lui rappelle un anniversaire, publie un message complètement impersonnel sur son mur. Avec un petit cœur, parfois, mais de nos jours les cœurs sont très souvent utilisés.
On me verra très rarement poster un « joyeux anniversaire » en public sur un réseau social, parce que je ne veux pas me ranger parmi ces dizaines d’autres qui s’en foutent complètement. Exception faite si vous me regardez avec des yeux suppliants, à la manière de E, ou que vous vous mettez à genoux devant moi en me baisant les pieds.
Il y a une expérience qui serait tout de même intéressante : changez chaque jour la date de votre anniversaire, et voyez pendant combien de temps les autres se feront avoir. Je ne l’ai jamais fait, mais avouons que ce serait assez amusant.
J’ai encore envie de parler de Facebook, parce que les gens s’y comportent de façon tellement particulière qu’il faudrait des heures pour en parler. Concentrons-nous sur ces moments où, quand vous êtes entre amies, que, ma foi, vous passez un moment sympathique, et que tout à coup, l’amie a une illumination : et si j’allais sur facebook ? C’est le début de l’ennui, l’Ennui avec un grand E, le genre d’ennui qui vous assomme pour le reste de l’après-midi. Car, on s’en rend vite compte, l’amie ne se contente pas de lire rapidement ses messages et ses notifications. Elle commence ensuite à observer le « fil d’actualité » en lisant tout avec beaucoup d’attention. Et, de fil en aiguilles, de liens en liens, la voilà qui regarde des photos de garçons et de filles qu’elle ne connait pas, pendant un temps assez long où je n’ai rien d’autre à faire que d’attendre et de penser – parce que ce serait mal poli si je décidais de m’éclipser et de me réfugier dans un bon bouquin, on en conviendra. Et, me croyant intéressée, elle me parle de l’ami de l’ami de l’ami dont je n’ai strictement rien à faire.
J’aime bien parler de facebook, d’observer le comportement de certaines personnes qui est un peu étrange, quand on y réfléchit. Je continuerai de parler de mes observations dans un prochain article, sinon il sera trop long. Mais avant de vous quitter, je vous fais part de cette question qui me torture l’esprit : c’est quoi cette mode de faire volontairement des fautes d’orthographe ? C’est affligeant. Y a pris la bonne habitude, entre autre, d’écrire « sa » au lieu de « ça », parce que c’est marrant, stylé, drôle. Et puis il y a ceux qui, en plus de mal orthographier volontairement les mots les plus simples, ne savent pas écrire. « Oue slt comen sa va ? jaimerai bien ke tu soi la » (ça ressemble un peu à ça). Voilà pourquoi mes petits yeux souffrent, et que lorsque je vois les statuts pseudo-philosophiques de certaines personnes qui croient avoir tout compris à l’amour, j’ai envie de leur répondre qu’avant d’écrire un roman d’âneries, ils feraient mieux d’apprendre à écrire en français. Alors, ayez pitié, utilisateurs de facebook, soignez votre orthographe. Parce que non, faire des fautes d’orthographe volontairement ne vous fera pas passer pour quelqu’un d’intelligent ou de « stylé ». Et pour les pauvres personnes qui ont oublié leurs cours de CP-CEI, au lieu de trainer sur facebook, ouvrez un Bescherelle, vous me ferez plaisir.